
Né à Ferdjioua, en Petite Kabylie, d’un père algérien et d’une mère française, j’ai toujours évolué entre deux cultures, reflet d’un parcours marqué par des souvenirs intenses. Mon enfance s’est déroulée à Biskra, aux portes du Sahara, où le soleil ardent semblait voler les couleurs du paysage. Arrivé en France à 20 ans, la vision d’un arc-en-ciel après la pluie m’a permis de retrouver, presque inconsciemment, les teintes chères de mon passé. Depuis, j’ai choisi de n’utiliser jamais plus de sept couleurs – celles de l’arc-en-ciel – dans mes œuvres, excluant le noir et le blanc, sauf lorsque je travaille en noir et or.
Je me rappelle avec émotion les moments passés avec mes sœurs, lorsque mon père nous emmenait à son travail le week-end. Au détour d’un escalier, une boule en verre bleu outremer ornée de facettes rondes captait la lumière d’un éclat hypnotisant. Ce bleu, que j’ai retrouvé aux Beaux-Arts d’Alger, continue d’infuser mon travail, oscillant entre bleu royal et indigo.
Passionné par l’image, dès l’adolescence je confectionnais mes propres pochettes de cassettes et de CD, m’inspirant des compositions graphiques, des typographies et des photographies d’albums. Des artistes tels que Coles Phillips, J.C. Leyendecker, Patrick Nagel ou Georges Stavrinos ainsi que des mouvements comme l’impressionnisme, l’Art Déco, le Bauhaus et le Memphis-Milano ont nourri ma créativité.
Le contexte des années 90 a bouleversé ma vie. La guerre civile en Algérie força ma mère, mes deux sœurs, notre chienne et moi à fuir précipitamment le pays. Ma mère, ressortissante française, fut encouragée à partir, et j’ai dû abandonner mes études aux Beaux-Arts d’Alger malgré d’excellents résultats. En France, les débuts furent difficiles : travailler en usine et en intérim était la seule option pour soutenir ma famille, tout en continuant à dessiner.
Après mon service militaire, où j’ai dirigé le bureau de création graphique à Nanterre, j’ai suivi une formation en alternance en design graphique. En six mois, j’ai maîtrisé Photoshop, Illustrator et Quark X-Press, au point de gérer seul le studio qui m’accueillait en stage. J’ai ensuite intégré plusieurs studios et agences parisiennes en tant qu’illustrateur, designer graphique, typographe et 3Diste, jusqu’en 2011, année où j’ai choisi de me lancer en freelance pour explorer d’autres projets et construire ma carrière d’artiste.
En 2015, j’ai commencé à dessiner des oiseaux aux formes géométriques simples et à appliquer une texture de crayon de couleur numérique, succès sur les réseaux sociaux qui m’a rapidement poussé à revenir à mon sujet de prédilection : le portrait. En mai 2021, en retravaillant l’un de mes visages, j’ai trouvé l’équilibre parfait entre formes épurées, jeux d’ombres et lumières et harmonie entre textures et aplats – le premier portrait ainsi traité fut baptisé Simon.
En 2022, j’ai élargi mon univers artistique en commençant à peindre en acrylique sur toile. Aujourd’hui, j’en suis à 23 toiles, chacune portant l’empreinte de mon double héritage et de mes expériences personnelles.